Chapître 10 : Des centres initiatiques (page 65-71) :
La transmission initiatique ne saurait être quelque chose de plus ou moins nébuleux ; elle n’a rien à voir avec la rêverie ou l’imagination ; elle ne participe pas de ce qui est « subjectif » ou « idéal ». C’est quelque chose d’extrêmement précis et défini.
1. Le rattachement au centre suprême est indispensable, même par l’intermédiaire de centres secondaires :
Il faut compléter tout cela en parlant des centres spirituels d’où procède directement ou indirectement toute transmission régulière.
Les centres secondaires sont rattachés au centre suprême qui conserve le dépôt immuable de la Tradition primordiale dont toutes les formes particulières sont dérivées par adaptation aux circonstances de temps et de lieu.
Les centres secondaires sont les reflets et l’image du centre suprême.
Le rattachement au centre suprême est indispensable pour assurer la continuité de transmission des influences spirituelles depuis les origines de la présente humanité (et même d’avant puisque ce dont il s’agit est « non-humain ») et à travers toute la durée de son cycle d’existence.
Ceci est vrai pour tout ce qui a un caractère traditionnel, dans l’exotérisme, et à plus forte raison dans l’ésotérisme.
Ce rattachement maintient l’unité intérieure et essentielle existant sous la diversité des apparences formelles : c’est la garantie fondamentale de « l’orthodoxie » au vrai sens du mot.
Mais ce rattachement n’est pas toujours conscient, surtout dans l’ordre exotérique. Par contre, dans l’ordre ésotérique, ce rattachement devrait toujours être conscient car l’une de ses raisons d’être est de permettre de passer au-delà de la forme traditionnelle sur laquelle il s’appuie pour s’élever de la diversité à l’unité.
Si tous ceux qui étaient parvenus au sommet des hiérarchies initiatiques étaient de vrais adeptes, ils auraient conscience de ce rattachement à l’unité. Cela supposerait qu’ils aient réalisé la plénitude de l’initiation. C’est le sens véritable du mot « adepte » (terminologie rosi-crucienne) même si aujourd’hui cela ne signifie plus qu’ « adhérent ». Si une organisation initiatique était composée de tels adeptes, elle serait constamment en communication avec le centre suprême.
Malheureusement, à cause de la dégénérescence, il arrive qu’il n’en soit pas ainsi et que l’éloignement des origines fasse q’une organisation ne compte plus que des « initiés virtuels ». Ceux-ci continuent d’ailleurs à transmettre sans s’en rendre compte l’influence spirituelle dont leur organisation est dépositaire.
Le rattachement existe tant que la transmission n’a pas été interrompue et des hommes pourront toujours reprendre conscience de l’influence spirituelle occulte.
L’appartenance à une organisation initiatique ne sera donc jamais une simple formalité comme dans les organisations profanes que seul l’état de dégénérescence des organisations initiatiques actuelles peut amener à la comparaison.
2. Dans une organisation initiatique, la hiérarchie apparente peut coexister avec une hiérarchie occulte :
La plupart du temps, les organisations initiatiques procèdent indirectement du centre suprême par l’intermédiaire de centres secondaires.
Les organisations initiatiques sont d’ailleurs hiérarchisées selon leur degré de proximité du centre suprême. Toutes ne dérivent pas immédiatement de la source originelle. Celles qui sont engagées dans l’action jouent le rôle le plus extérieur alors celles qui sont dans l’ordre le plus profond demeurent dans le non-agir principiel. Elles donnent à tous les autres leur direction réelle.
Dans une organisation initiatique actuelle, peu consciente de son rattachement à un centre spirituel, il peut donc y avoir une double hiérarchie, celle apparente et inconsciente, celle occulte de ceux qui, sans remplir aucune fonction « officielle » assurent réellement la liaison effective avec le centre.
Les représentants des centres spirituels peuvent prendre une apparence très différente selon les besoins. Ils peuvent choisir de passer complètement inaperçus (mystérieux voyageurs, comme les jongleurs et les marchands de chevaux).
Sans appartenir eux-mêmes à une organisation formelle, ils inspirent et dirigent invisiblement les organisations visibles. Ce fut le rôle des Rose-Croix avant 1650 et des « Supérieurs inconnus » de la Maçonnerie au XVIIIème siècle. Du XIV° au XVII° siècle, il fallait tenter de préserver ce qui pouvait être conservé dans les connaissances traditionnelles du Moyen-Age en dépit des nouvelles conditions du monde occidental.
Quand les circonstances sont anormales et l’obscurcissement tel qu’il ne reste presque plus rien de traditionnel, un centre spirituel peut agir par l’intermédiaire d’individus aussi qualifiés qu’isolés pour parfois même renouer une chaîne initiatique interrompue accidentellement.
Toute initiation, même celle qui apparaîtrait spontanée, ne peut être valable que rattachée par un moyen quelconque à un centre existant effectivement.
3. Les organisations initiatiques véritables sont cohérentes et convergentes :
Lorsqu’on parle d’oppositions entre organisations initiatiques, on ne fait nullement allusion à la situation normale de différentiation entre les formes traditionnelles. Cette multiplicité est rendue nécessaire par les différences de nature existant entre les individus et la contingence. On compare cela la multitude des points d’une circonférence d’où partent autant de rayons qui aboutissent tous au centre unique, non seulement sans opposition, mais en parfaite harmonie.
Il ne peut y avoir d’initiations véritables en oppositions car elles dépendent toutes d’une tradition unique dont toute forme traditionnelle orthodoxe est dérivée.
Il n’y a qu’une initiation également unique en son essence, quoique sous des formes diverses et avec des modalités multiples. La où la régularité fait défaut, on est dans la pseudo initiation, voire dans la contre initiation.