- Jean Serlun a écrit:
- Jean à écrit dans Cathos et FM III :
Et pourtant, qui sait si quelques francs-maçons n'en savent pas plus long à ce propos que bien des chrétiens, fussent-ils clercs ?
Nous connaisssons tous dans l'Evangile de Luc (19-1,6) l'épisode de Zachée et du sycomore.
Pour mémoire : Jésus arrive à Jéricho (les trompettes). Tous se précipitent pour le voir et parmi eux un homme de petite taille, publicain, collecteur d'impôts (deux bonnes raisons pour ne pas être aimé de ses contemporains). Tous se placent devant lui (pour être aux premiers rangs, toujours devant, comme les Pharisiens). Pour être sûr de voir Zachée grimpe sur un sycomore. Jésus le voit et lui dit "Zachée descend vite car il me faut aujourd'hui demeurer chez toi". Zachée le reçoit avec joie. Jésus dit " Le salut est arrivé pour cette maison. C'est aussi un fils d'Abraham Car le fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu".
Nous connaissons l'histoire de Jéricho (hébreu : Yériho, étym : ville des palmiers) dont les ramparts furent abattus par le son des trompes à la suite d'une déambulation religieuse et militaire comprenant 1 tour pendant 6 jours et 7 tours le 7ème. Mais il y a un épisode moins connu concernant cette ville qui était (proche d') un gué sur le Jourdain. C'est celui de la rencontre de Josué avec le "chef des armées de Yavhé" qui lui dit "Ote tes sandales de tes pieds car ce lieu est saint". Et le lieu est saint car Dieu avait permis au peuple d'Isaël d'y traverser à pied sec (comme pour l'épisode de la mer rouge ou des Roseaux). Donc, pour les Juifs de l'époque de Jésus, Jéricho est beaucoup plus qu'une petite ville commerçante. Bien sûr, Jésus le sait qui va y donner la parabole des 10 mines et du mauvais serviteur. Serviteur qui a craint le jugement du maître et à qui on retire ce qu'il a... et même la vie. Il y a lieu de regarder aussi les différentes graphies possibles du mot YéRiHo (YRH, YRQ, YRK, YRC) qui expliquent pourquoi ce lieu est considéré comme saint (évoque l'idée de simplicité, de douceur et confiance, de désolation mais aussi celle du châtiment infligé par Dieu aux armées de Pharaon lancées aux trousses des hébreux, la promesse...). Plusieurs épisodes importants de la vie de Jésus se dérouleront dans cette ville.
Zachée ou Zaccaï proviendrait de l'arabe Amad-Aour (le juste) (il pourrait être le saint Amadour et être en relation avec le "Roc Amadour" et Sainte Véronique qui prit "l'empreinte" du visage de Jésus montant vers le Golgotha ou "mont du crâne" ou mont du rocher... tu es Pierre et sur cette pierre...). Pétrus, pétra, rupellus, pierre, céphas, crâne, rocher, poisson...
Les mots s'entrechoquent et, comme le disait R Kipling "s'entrechoquent étrangement dans nos têtes". Mots qu'il ne faut prendre pour idées et sous lesquels il faut s'efforcer de trouver le symbole et l'Idée.
Zachée, le petit (brimé par les Pharisiens), le publicain (auquel les Juifs constestent son appartenance au "peuple élu"), le collecteur d'impôts (collaborateur des Romains et peut être expatrié romain lui-même?), habitant Jéricho "la ville des palmiers" se perche sur un "sycomore"... comme oiseau et à l'imitation des oiseaux. Et là Jésus le reconnait entre tous et s'invite chez lui... parce qu'en lui il a vu "le Juste de coeur et de voix" des anciens égyptiens? Peut-être un homme capable de comprendre la langue des oiseaux ou pour dire comme l'évangéliste celle des paraboles. Or, par son métier au moins, Zachée sait "lire et écrire". Dans la langue des hiéroglyphe le nom de Zachée (Z.ch) s'écrirait peut être avec un verrou (Z), un bassin rempli d'eau (CH) et un calame (déterminatif du scribe). Tout verrou (symbole du caché, du secret) mérite sa clé, "son rossignol à faire chanter toutes les serrures". Or les scribes sont les initiés de Thot le maître des lettres... des sachants et des connaissants.
Ce nom, Z.ch, peut également s'écrire autrement qui évoque l'eau, le pain et l'offrande. Est-ce un hasard si justement Jésus s'invite chez lui? Ce qui est clair c'est que Zachée pour dépasser sa condition et ses contraintes s'éléve sur un arbre peu ordinaire.
Les traducteurs des évangiles, même s'ils ont une préférence pour le sycomore balancent également entre un figuier ou un palmier ou un acacia, voire un perséa. Cela à peu d'importance car ces arbres ont la même vocation à symboliser l'axe du monde, la connaissance, l'immortalité.
Dans la langue des Hiéroglyphes le sycomore "nh.t" (néhet) s'écrit avec un trait ondulé (n) qui symbolise l'eau, une amorce de labyrinte carré qui symbolise la maison (h) et une calotte sphérique (t) qui symbolise le pain. Et nous retrouvons là des idées bien proches de celles qu'on trouve dans le nom de Zachée qui est donc le maitre de la maison et de ses déambulations, de l'eau qui purifie et du pain qui nourrit. Et Jésus est celui qui connait le chemin de la maison et qui sait qui et quoi il va y trouver.
Mais il y a plus. Le sycomore est l'arbre emblématique d'Hator et c'est l'arbre sur lequel les dieux aimaient venir s'asseoir. Hathor est certainement une des divinités les plus anciennes de l'Egypte. Son nom signifie « Demeure du dieu Horus », ce qui fit d'elle l'épouse du dieu-faucon. Zachée se serait-il hissé à la hauteur des dieux? Connais-toi toi-même....
On dit aussi que deux sycomores se tenaient devant la porte du ciel. Déjà deux colonnes devant le temple? Ils étaient aussi plantés à l'entrée des temples. On se servait de leurs propriétés pour soigner différentes maladies notamment occulaires. Ainsi Zachée sur son sycomore est non seulement un entendant mais c'est aussi un voyant. Hator est aussi une image de Nout la grande déesse du ciel, mère des dieux, dont les étoiles de la robe représentent les morts "justes de coeur et de voix" qui remplissent le ciel et resplendissent comme des étoiles. Texte de Kenamon, règne d'Amenhotep II : Je suis Nout l'élevée, la grande dans l'horizon. Tu te rafraîchiras sous mes arbres, tu vivras de mes pains, tu t'abreuveras de ma bière. Je ferai que tu sois nourri de mon lait afin que tu revives.
Hator dite "la maitresse du sycomore" assure aux défunts le boire et le manger. Elle est ainsi souvent représentée en pouvoyeuse au coeur d'un sycomore. A un point tel que l'arbre en est devenu le symbole. Inscription sur un tombeau égyptien :
"Que chaque jour je puisse marcher sans relâche sur les rives des eaux profondes, que mon âme puisse reposer sur les branches des arbres que j'ai plantés, que je puisse me rafraîchir à l'ombre de mon sycomore". Le sycomore d'après les textes a protégé le sarcophage d'Osiris. On dit aussi que ce fut un acacia. Il enveloppa si bien le corps qu'il en devint le cerceuil. De là, le sycomore devient le cercueil mythique qui amène à la renaissance par les mystères osiriens. "Salut à toi, Ô Sycomore, Grand Tet, compagnon du dieu dont les branches ont été coupées, dont l'intérieur a été brûlé ! Ta tête est sur ton épaule, pleurant Osiris !"
Le sycomore, est donc vraiment l’arbre égyptien par excellence. Il pousse dans les villages, dans les carrefours et même sur les bords du désert, du moment que ses racines peuvent atteindre la nappe d’eau souterraine. C’est un arbre vigoureux, presque aussi large que haut, extrêmement touffu. Rien d'étonnant donc à ce qu'on le trouve à YRH. On dit encore que les racines du sycomore sont implantées dans le monde souterrain de Seth et ses branches sous la correspondance de Rê et Chou. Rê symbolise la lumière et Chou le souffle. Il représente donc la vie. Zachée serait-il un de ceux qui connaissent le chemin qui va vers les entrailles de la terre aussi bien que celui qui s'élève vers les hauteurs sublimes? Les lignes droites et les grandes courbes?
"Le tronc sert de refuge. Lorsque Osiris ressuscite il donne la symbolique du pilier de Djed. Le pilier canalise l'énergie vitale et surtout assure sa circulation, un très beau symbole du monde. L'arbre initiatique égyptien représente l'ensemble du mystère de la vie spirituelle de l'univers ainsi que de la vie physique et de la cosmogonie des anciens."
Nous avons donc un arbre sacré, symbole d'éternité, image d'une grande déesse, mère des dieux et d'un dieu en particulier : le dieu faucon. Dieu qui vaincra le mal personnifié par Seth meutrier d'Osiris, à la fois père, époux et fils de sa soeur Isis. Cet arbre, véritable "axis mundi" est celui de la Connaissance, symbolisée par les nourritures données en viatique au défunt par Hator-Nout, car il est dit "c'est au pied de l'accacia (sycomore, figuier, palmier perséa...) que repose la connaissance". Et c'est au pied de cet arbre-cercueil-barque qu'Osiris engage le voyage qui le verra revenir, comme le Christ, comme Hiram "plus radieux que jamais". On notera ici que le mot CeRCueiL permet d'écrire le mot CeRCLe.Cercle "au centre duquel le MM:. ne peut se perdre"...
Nous avons encore une petit homme, sachant lire et écrire, voir et entendre, rejeté (des bâtisseurs), qui s'élève au faîte, comme un oiseau, sur l'arbre des dieux qui est arbre de connaissance et axe du monde. Homme ordinaire mis en lumière par Jésus-Dieu-Horus lui-même, fils de la Vierge éternelle, Nout-Hator, reine des cieux, qui vient échanger avec lui le pain, le sel et le vin de la vie. Homme éclairé qui, au terme de cet échange, entre dans le chemin de la Vie par le partage de ses biens. Ainsi se trouvent réunis la Connaissance qui rend libre, le partage qui rend égaux, la fraternité qui témoigne de l'Amour. Tout cela dans un lieu qui est saint, près d'un gué, qui évoque le serment et la puissance divine. Et nous avons le Maître venu chercher, sauver (retrouver?) ce qui a été perdu.
Cela a-t-il été retrouvé? Sans doute pas car la route est encore longue. Ce n'est pas encore la fin du jour. Et il reste toujours à découvrir l'idée sous le symbole, le sens dans la parabole. Il y aurait encore beaucoup à écrire. Mais j'ai juré de garder le silence et le secret. De plus j'ai encore à me perfectionner.
Mais cela ne m'empêche pas de donner volontiers pain et vin à qui à faim et soif.
Emanuel